Intervention auprès des jeunes du lycée La Briquerie de Thionville
Jeudi 2 décembre 2021
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Madame Ibn Ziaten est intervenue jeudi 2 décembre dans la matinée auprès des jeunes du lycée La Briquerie à Thionville pour leur transmettre les valeurs de la République chères à son cœur, liberté, égalité et fraternité, et échanger sur les principes de la laïcité. « Nous avons beaucoup parlé de la confiance en soi, nécessaire si l’on veut pousser les barrières qui nous empêchent d’aller de l’avant. Comme je le dis souvent, il faut démarrer son moteur pour réussir et cela, nul ne peut le faire pour quelqu’un d’autre : à chacun de prendre son avenir en main. Les professeurs sont là pour aider les jeunes, ils leur tendent la main, aux élèves de saisir les opportunités qui s’offrent à eux. Quand une personne n’a pas confiance en elle, elle peut devenir vulnérable et donc influençable. Il suffit alors qu’elle rencontre la mauvaise personne, celle qui utilisera des mots forts, proposera de l’attention, du soutien, de l’aide, pour s’engager sur une voie dangereuse, pour elle et pour les autres. Nous devons tendre la main aux autres, afin de nourrir l’espoir, à la fois pour nous-mêmes et pour ceux qui ont besoin d’aide. Il y a toujours de l’espoir, tant qu'on a la volonté d'y croire pour construire sereinement ses projets et ainsi bâtir son avenir. Nous avons la chance en France d’avoir un système d’enseignement, accessible à tous, qui permet de s’instruire. Il est important de toujours garder cette lueur d’espoir qui nourrit notre vie et nous donne la forcer d’aller vers l’avant. Nous avons échangé également sur les valeurs du vivre-ensemble, du respect des règles de la République dans le but que chacun d’entre eux «démarre son moteur», pour réussir et se donner un avenir meilleur. »
« Les jeunes m’ont posées énormément de question, notamment sur les menaces que je reçois, mais je n'ai pas peur. Ça ne m’empêchera pas de mener mon combat, justement parce que ce genre d’action le justifie, les menaces d’aujourd’hui ne me feront pas dévier de mon combat. Je ne fais rien de mal, j’aide les gens, j’essaye de sauver cette jeunesse, de passer un message de paix. On m’a demandé si j’ai pardonné à Merah alors j’ai pardonné la manière dont il a vécu. Quand on voit son parcours : c'est un jeune qui n'avait pas d'amour, qui a beaucoup souffert, qui n'avait pas d'éducation de ses parents, qui n'était pas cadré. Mais je ne pardonne pas ce qu'il a fait : c'est impardonnable. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas d'éducation ou de famille qu'on devient assassin. Il nous a laissé une souffrance à vie : pour nous, pour sa famille ; il a sali le nom de l'islam. Quand on me demande si ma vie a été difficile, elle n’est facile pour personne mais je me suis toujours battue pour réussir et il faut toujours rester fort et aller au bout des choses. Bien évidemment elle a été bouleversée lors du drame de mon fils, après avoir solidement et rigoureusement durant ses années de labeur construit ma famille ou chacun avait une place particulière dans mon cœur. Aujourd’hui ma vie a changé, elle a pris un autre tournant, je garde se courage et je refuse de me réfugier derrière ma profonde tristesse, je reste debout et je continue à tendre la main vers ceux qui sont la cause de ma blessure. J’ai également évoqué l’importance de la mère, qui est essentielle, elle est le pilier d’une famille. La mère est bien souvent la figure centrale de la vie d’un enfant, son premier contact avec le monde. La mère occupe une place importante dans notre vie, on doit la respecter et l’aimer. L’Amour d'une mère n'a pas de prix et il est inconditionnel. Il est primordial d’avancer dans la vie avec l’amour pour réussir. Ma rencontre avec les jeunes de la cité de Toulouse m’a donné une grande expérience celle de la force et le courage d’entendre ces jeunes des cités. C’est important de les écouter. Il faut savoir ce qui se passe derrière les murs des cités. Dans le quartier Bagatelle, c’était intéressant d’apprendre les problèmes des habitants. Ils souffrent énormément, ils ont besoin d’aide. Ils vivent dans un « ghetto » et beaucoup ont envie d’en partir. Les jeunes ont voulu savoir comment se passer les interventions en maison d’arrêt, quand j’interviens dans les prisons, je suis ferme avec les détenus car je veux les réveiller. Je leur dis qu’il ne faut pas tout attendre de l’Etat : un travail, un logement. Il faut dépasser ses propres limites pour avancer dans la vie. Personne ne le fera à votre place. Suite aux échanges, plusieurs élèves se sont approchés de moi, certains pour se confier, d'autres pour m'encourager. J'ai été très touchée par certaines de leurs paroles. Mes sincères remerciements à Madame Nathalie Delles, à l’initiative de cette rencontre ainsi qu’à tous les élèves et enseignants présents, pour leur accueil, leur écoute et leur bienveillance. »