Intervention auprès des jeunes de la ville de Rignac (en Aveyron)
Le 19 mai dernier, Madame Ibn Ziaten est intervenue dans la ville de Rignac (en Aveyron) auprès des jeunes de plusieurs établissements scolaires de la ville pour échanger avec eux sur l'importance du respect des valeurs de la République et aussi du professeur, et les prévenir des dangers de certaines fréquentations. « La conférence a été très riche en échanges et en émotions. Plusieurs questions m'ont été posées après la projection du documentaire « Latifa, une Femme dans la République ». Certains élèves m'ont demandé ce qu'était un ghetto. Ils voulaient savoir pourquoi certains jeunes n'ont pas les mêmes chances. Ils m'ont interrogée sur l'Islam, est-ce que c'est dangereux ? Est-ce que ce qu'a fait Merah est normal ? Était-il Musulman ? Comment a-t-il pu faire autant de mal ? Est-ce que j'ai pardonné ? Pour répondre à la question sur les ghettos, j'ai expliqué que certains jeunes disent que la République les a oubliés. Et c'est malheureusement vrai dans certains quartiers. Certaines familles vivent dans la précarité et des appartements vétustes. Beaucoup de jeunes dans ces quartiers souffrent aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle il faut ouvrir les cités, ouvrir ces quartiers et s'ouvrir à leurs habitants. Il faut de la mixité dans les établissements scolaires. Certains jeunes, nés en France, ne savent pas quelle est leur identité… Alors qu'ils sont français, ils vivent juste à côté… Ils sont comme vous et moi et ont besoin d'attention et de reconnaissance. Ce n'est pas facile, mais il ne faut pas avoir peur de l'Autre, il faut ouvrir son esprit, apprendre à connaitre l'Autre. A la question sur le pardon, j'ai répondu que j'ai pardonné à Merah ce qu'il était, mais pas ce qu'il a fait. Merah était un jeune qui a manqué d'amour, il n'était pas cadré, il n'était pas aimé. Je ne le défends pas, mais il n'a pas eu d'éducation de la part de ses propres parents. C'était un enfant livré à lui-même, comme tous ces frères. Il a été abandonné par son père et sa mère est restée seule en France avec ses 4 enfants, dont elle ne s'est pas occupée et qu'elle a placés en foyer. J'en veux beaucoup à sa mère, qui n'a pas tenu son rôle, qui n'a pas réagi. Quand on vit en France et que l'on a 4 enfants, on a la possibilité de se faire aider. C'est une grande chance. Mais elle n'a pas voulu s'occuper de ses enfants. C'est une famille complètement déchirée. Les enfants ont grandi dans la haine, dans la souffrance, et l'aîné a entraîné son jeune frère dans la barbarie, il est le maître de cette machine à tuer. Merah a rejoint les réseaux terroristes qui se nourrissent de la détresse et de la haine, il a rejoint les fanatiques. S'il avait reçu de l'amour, avait eu des règles, un cadre, peut-être que nos enfants seraient encore vivants, et lui aussi… C'est un échec total, mais c'est un échec collectif. Il faut en prendre conscience. »
« Certains élèves voulaient savoir ce que je dirais à Merah si je l'avais en face de moi. Je lui demanderais simplement pourquoi il a tué mon fils, pourquoi il a fait toutes ces victimes. Malheureusement, il a voulu "mourir en martyr" et ne sera jamais jugé par la Justice des Hommes… Je n'aurai donc jamais la réponse à cette question et c'est pourquoi je dois continuer à me battre pour qu'il n'y ait pas d'autre Merah. Quant à la question sur l'Islam, j'ai expliqué que ce que font les terroristes n'a rien à voir avec l'Islam qui est une religion de paix, de tolérance, de vivre ensemble. La religion, quelle qu'elle soit, se pratique pour soi-même. On ne doit l'imposer à personne et il faut toutes les respecter. Certains jeunes sont venus m'embrasser après la conférence. Ils m'ont remerciée car ils ont appris des choses qu'ils ne connaissaient pas. Ils vivent dans un cadre un peu plus "privilégié", même si dans tous les milieux, il y a des hauts et des bas. Ils m'ont remerciée d'avoir ouvert leur esprit. J'ai été très touchée par une jeune fille qui m'a dit ne plus avoir de dialogue avec sa mère et qui, après m'avoir embrassée, m'a promis qu'elle allait parler à sa mère. J'en suis réconfortée et très touchée. Je les embrasse tous très fort et les remercie de l'accueil et de l'écoute. Je remercie Monsieur Christian Valayer, à l’initiative de cette évènement, Président de Rencontres Citoyennes, pour l’organisation de cette rencontre ainsi que son équipe pour l’accueil chaleureux et votre bienveillance.»