Intervention auprès de jeunes des STEMO dépendant de la PJJ de la ville de Valenciennes
Madame Ibn Ziaten a rencontré une dizaine de jeunes des Services Territoriaux Éducatifs de Milieu Ouvert (STEMO) dépendant de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) de la ville de Valenciennes. Latifa a été invitée pour apporter son témoignage dans le cadre d'une semaine citoyenneté, mise en place par les éducateurs de l'Unité Éducative de Milieu Ouvert (UEMO) de la ville. Les jeunes présents ont pu découvrir le documentaire « Latifa, une femme dans la République », ce qui leur a permis de comprendre la nature de son action auprès de la jeunesse. Ils ont pu échanger au sujet de la radicalisation et également au sujet de leur avenir. Les questions concernant la radicalisation ont principalement été posées par les éducateurs présents, ce qui révèle une certaine crainte, sûrement due à une mauvaise connaissance du phénomène, ce qui n’est pas étonnant quand on apprend qu'ils ne sont pas tous formés à ce sujet. La radicalisation est souvent la conséquence d’un manque d'amour, de soutien ou encore de valeurs et de culture, qui provoque un sentiment d'abandon et donc une perte de confiance en soi. Toute personne ayant perdu confiance en soi se cherche et devient influençable. Dans pareil cas, les jeunes écoutent ceux qui, avec de belles paroles, leur apportent « force », « soutien » et « attention » ; c’est ainsi qu’ils pourront se trouver entraînés vers des pratiques religieuses extrémistes.
« Aussi est-il de la plus haute importance que parents et éducateurs accompagnent les jeunes vers la recherche d'informations, les poussent à se cultiver en les amenant à lire, à s’intéresser à l'actualité, à ce qui leur permet de voyager à travers une histoire, un film, un documentaire. Notre rôle en tant qu’adultes est également de construire un lien avec les jeunes, d’essayer de les comprendre. Pour cela, nous devons les écouter : écouter leurs besoins, leurs craintes et leurs faiblesses afin de les accompagner au mieux dans leur vie, professionnelle et personnelle, pour qu'ils soient comblés et fiers d’eux-mêmes. Ce qui nous mène au deuxième sujet principal abordé avec eux : leur avenir. Pour parler d'avenir, il faut tout d'abord parler d'espoir. Hier, je leur ai donc demandé s'ils avaient de l’espoir. J'ai été très peinée de leur réponse. Un jeune de 16 ans qui n’a pas d’espoir ? Cela semble inimaginable, cela ne devrait pas être possible, à un âge où chacun devrait avoir en sa possession toutes les cartes pour réussir, être porté par des rêves, des passions ou au moins de l’intérêt pour un secteur d'activité en particulier. Hélas, ces jeunes ont perdu confiance en eux et pensent n’être pas en capacité de faire quelque chose de bien. Un travail sur soi est alors important. Je leur ai donc expliqué que, pour s'en sortir, on a seulement besoin de la santé et de la confiance en soi. Ces jeunes ne doivent pas vivre en portant un fardeau : il faut qu’ils parviennent à dépasser les mauvais souvenirs et les échecs afin d'en faire une force positive et une raison d’avancer. Il n'est jamais trop tard pour bien faire, pour apprendre de nouvelles choses, ce qui permet de développer un sentiment de fierté. Ce sentiment de fierté, cette confiance en soi ne sont pas sans lien avec le respect, fondamental dans les rapports humains : se respecter soi et respecter autrui, c’est généralement s’attirer le respect. Ces jeunes ont besoin de prendre confiance en eux et qu’on les respecte. Ils ont aussi besoin de protection : protéger un jeune revient à protéger les autres, jeunes et adultes, et ainsi à protéger la société. C’est mettre en place les conditions nécessaires pour que chacun puisse s’épanouir dans la paix et la joie. Très touchée par l'écoute et l'attention que les jeunes m'ont portées, je les remercie de s’être ouverts et confiés à moi. Je remercie également toute l'équipe d’encadrement, les éducateurs, ainsi que M. Dehai, directeur du centre, et M. Delférière, éducateur et organisateur, pour cette rencontre à Valenciennes. »