Intervention au Centre socio-culturel auprès des jeunes de Clermont sur Oise
Intervention du jeudi 6 octobre après-midi au Centre socio-culturel de Clermont sur Oise devant des élèves de 3ème et de 1ère. Je remercie Monsieur le Maire, Lionel Ollivier, Madame la Sous-Préfète Noura Kihal Flégeau ainsi que Monsieur Léo Dany, animateur du Centre, pour l'invitation. J'étais très émue parce que c'est dans un centre social à mon arrivée en France que j'ai appris à lire, à écrire, à être autonome, à connaître la ville dans laquelle je vis. Je ne peux pas oublier toutes les personnes qui m'ont aidée, qui m'ont tendu la main. « Vous avez de la chance, vous allez à l’école. Moi, je n'ai pas eu le choix d'aller à l'école. A la mort de ma mère, j'avais 9 ans et je vivais au Maroc, mon père m'a interdit d'aller à l'école. Je devais rester à la maison pour apprendre à devenir une bonne épouse, une bonne mère. Il ne m'a jamais demandé mon avis. Alors que j'avais le rêve de faire des études. Je n'ai pas eu cette chance. Vous avez cette chance, vous pouvez démarrer votre moteur, vous pouvez avancer, vous ne devez rien laisser de côté. Vous avez tous les moyens pour apprendre. Je sais que c'est difficile pour certains d'entre vous, mais en faisant de efforts, vous pouvez y arriver. Si vous démarrez votre moteur, vous réussirez. Personne ne démarrera votre moteur à votre place. Le moteur c'est votre cerveau. Faites travailler votre cerveau. Vous êtes capables, intelligents, vous êtes la lumière, vous êtes l'avenir et nous, nous devons vous écouter, vous accompagner, vous aider et vous donner de l'attention. »
« J'ai répondu à la question très difficile d'une jeune fille sur la notion de "martyr". J'ai tenté de la convaincre en lui expliquant que "le martyr, c'est la victime, la personne qui a été tuée. Celui qui a tué n'est pas un martyr, c'est un assassin. L'assassin n'est pas un martyr." Une autre jeune-fille avait le sentiment qu'aujourd'hui c'est chacun pour soi, personne n'aide personne. Elle estime que sera difficile de réussir. Je lui ai répondu "qu'il ne faut pas être pessimiste. Il faut voir les côtés positifs. Le monde est beau malgré les difficultés et il nous appartient de le rendre encore plus beau. Il y a des moments difficiles, il y a une fracture avec la Jeunesse, mais on peut réparer cette fracture à condition de faire des efforts. L'État doit faire des efforts et chacun d'entre nous devons faire des efforts. On doit avancer. L'État, ce sont des hommes et des femmes comme nous. Si la Société tend la main, L'État aussi. S'il travaille seul, ça ne marchera pas. Chacun de nous doit travailler pour avancer. Il faut ouvrir les portes, pousser les murs pour y arriver, ne jamais baisser les bras et ne laisser personne décider à votre place. C'est à vous de choisir ce que vous avez envie de faire et de réaliser vos rêves. L'adulte doit vous accompagner, mais c'est à vous de faire le travail. Je puise ma force dans l'énergie de tous ces jeunes que j'ai rencontrés et qui pensent malheureusement que la République les a oubliés. Mais ce n'est pas vrai. Nous sommes toutes et tous des enfants de la République. J'ai demandé aux professeurs de donner de leur temps. » « La réussite rend heureux, surtout lorsque l'on aime son métier. Lorsque l'on échoue, on se pose beaucoup de questions. Si vous accordez du temps aux élèves, vous gagnerez et vous serez fiers de vous. Lorsqu'il y a un problème avec un élève, il faut en prendre la mesure dès le début, ne pas attendre que les mois passent et inviter les parents à discuter. Vous convoquez les parents et les enfants, et c'est normal, lorsqu'il y a eu un problème ou que l'enfant s'est mal comporté. Mais la réussite doit également être encouragée, pour donner de l'espoir. Si les élèves et parents sont invités à vous rencontrer uniquement lorsqu'il y a des problèmes, la situation reste bloquée, l'enfant est brisé… On peut ainsi fabriquer des bombes à retardement, favoriser la délinquance. Pour ma part, j'ai payé le prix le plus cher. Il faut être vigilants, chacun doit faire des efforts pour sauver la Jeunesse, notre avenir. » Je remercie tous les participants et les intervenants pour la qualité des échanges. Je souhaite bonne chance aux élèves et les invite à avoir confiance en eux, en l'avenir. Bonne chance avancez et ayez confiance en vous.