Intervention auprès des jeunes de la ville de Montpellier
Vendredi 26 novembre 2021
Facebook de Latifa Ibn Ziaten Twitter de Latifa Ibn Ziaten Mail de Latifa Ibn Ziaten
Avant de quitter Montpellier, c'est auprès des jeunes de la ville que madame Ibn Ziaten est intervenue dans la matinée afin de délivrer son message de paix, échanger sur les valeurs du vivre-ensemble, du respect des règles de la République et, surtout, de les sensibiliser aux risques liés à la radicalisation. Durant l’intervention, beaucoup de questions lui ont été posées par les jeunes notamment sur son parcours de vie, le combat et les projets mener au sein de l’association IMAD. « C’est par le dialogue, et en délivrant un message de paix que l’on peut lutter contre le terrorisme, il faut faire de la prévention et sensibilisée nos jeunes le plus tôt possible. La prévention de la radicalisation est avant tout un acte éducatif. C’est proposer aux jeunes un parcours de réflexion, d’information et d’action qui vont leur permettre d’acquérir des compétences personnelles, qui vont les aider à mieux s’informer, comprendre et agir. Plus on s’y prend tôt, plus le parcours de protection des jeunes ou le parcours de détournement de la violence est possible. Je ne dis pas qu’il est simple mais je dis que c’est possible. J’ai prévenu les jeunes de faire attention à certaines fréquentations, qu’ils ouvrent bien les yeux pour ne pas tombez dans les pièges tendus sur les réseaux sociaux. Les terroristes se nourrissent de la fragilité et la vulnérabilité de certains jeunes, il faut être prudent ! Un jeune m’a demandé comment surmonter la haine la colère : Je n’ai pas été élevée dans la haine. J'ai eu une éducation très cadrée, avec beaucoup d'amour, où le respect de l'autre était important. Quand j’ai connu le parcours de Mohammed Merah, j’ai pardonné ce qu’il était parce qu’il n’avait pas la chance qu’avaient mes enfants. Mais ce qu’il a fait, ça, je ne peux pas le pardonner, Il faut savoir se contrôler, dans la colère on ne s'entend pas. Vous êtes l’avenir, la lumière, soyez mieux que nous. Si on alimente la haine, le racisme, le rejet de l’autre, où est-ce qu’on va aller ? Ayez confiance en vous, ayez confiance en vos parents, vous êtes l'avenir, démarrez le moteur de votre vie et de la réussite. »
« Comment surmonter le deuil ? Je suis arrivée en France à 17 ans. Mes enfants sont tout pour moi car je n'ai personne d'autre en France. On avait une relation très forte avec mon fils. Ma moitié est partie. Une moitié restée vide, que j'essaie de remplir avec ce que je donne à la jeunesse. Quand je vais sur le terrain, dans les quartiers, les écoles ou les prisons, mon fils est avec moi. Le chagrin restera à vie, je ne serai jamais la même qu’avant la mort d’Imad. Très vite, j’ai voulu aller sur le lieu même, trouver un message, une trace. C’était un dimanche après-midi et il n’y avait pas une mouche près de ce gymnase fermé. J’ai crié, appelé pour parler à quelqu’un. Personne. Puis j’ai voulu comprendre la raison de cette haine, de cette violence. Je suis allé à la cité des Izards à Toulouse, le quartier où vivait Merah. J’ai parlé avec quelques-uns de ses copains de ses voisins, qui le décrivaient, sans savoir qui j’étais, comme un héros et un martyr de l’islam. Quand ils ont su que j’étais la mère d’Imad, ils ont été gênés, choqués. L’un d’entre eux a pleuré dans mes bras. « S’il avait su que votre fils était musulman, il ne l’aurait pas tué », m’a dit l’un d’entre eux. Je me suis exclamé que rien ne justifiait une telle haine, une telle violence, que seul Dieu pouvait reprendre la vie. J’ai ressenti le besoin d’aide qu’avaient ces jeunes déboussolés. Un jeune m’a posé une question surprenante : Est-ce qu'on peut vivre sans amour ? : L’amour nous rend meilleur et fait ressortir en nous de belles choses. Elle nous rassure, valorise nous rend plus créatif. Ce sentiment permet de développer la tendresse, la générosité, le goût de la découverte et le désir d'apprendre. Sans amour notre cœur est vide, c'est important de grandir avec de l'amour dans l'épanouissant d'un individu. Comme je le dis souvent durant mes interventions, chacun doit « démarrer son moteur », avoir confiance en soi pour réussir dans ses projets et se donner un avenir meilleur. Ce fut de très belles rencontres, pleine de vérité et d’émotion dont, je l’espère, garderont longtemps le souvenir. Pour leur accueil, leur écoute et leur attention, Je remercie vivement tous les jeunes du lycée Jean Monnet et du collège Les Garrigues de Montpellier venus m'écouter et dialoguer avec moi. Mes sincères remerciements à l'ensemble du personnel pour leur accueil. Merci pour ces moments partagés. Mes remerciements à l’association Uni’Sons pour l’initiative, l’accueil et l’organisation de cette rencontre. Merci infiniment à tous. »