Intervention auprès des collégiens de la ville de Gaillard
Échanger, partager, écouter la jeunesse, telles sont les priorités de l’association IMAD 🕊. Aussi, avant de clore la venue de Madame Ibn Ziaten à Gaillard, Latifa est allée mercredi matin à la rencontre des collégiens de la ville, pour leur transmettre les valeurs de la laïcité et du vivre-ensemble, et dialoguer avec eux. À la suite de la diffusion du documentaire « Latifa, une femme dans la République », les élèves ont posé des questions profondes, notamment sur le pardon. « Ai-je pardonné à Mohamed Merah ? Je le répète sans cesse : je n’ai pas pardonné ce qu’il a fait, mais ce qu’il était. Quand je vois son parcours, l’éducation qu’il a reçue ou qui lui a fait défaut, le climat de haine et de violence dans lequel il a grandi, l’absence d’un père et d’une mère auprès de lui… il a été, dès son plus jeune âge, livré à lui-même et fragilisé. N’ayant pas su où se tourner pour trouver un appui, il est tombé dans le piège tendu par des extrémistes qui profitent de telles situations pour semer la haine dans les esprits de jeunes en manque de repères et d’affection. Il faut être extrêmement vigilant et donner à nos enfants l’amour dont ils ont besoin pour grandir. Il faut leur dire qu’on les aime et ne pas laisser en eux croître un vide que des personnes malveillantes leur donneront l’illusion de pouvoir combler. »
« Certains collégiens présents, Français de confession musulmane, m’ont dit se sentir humiliés et blessés par l’image donnée de leur religion par certains médias. Ces jeunes ne doivent pas se tromper de combat ni douter d’eux-mêmes : ils sont français et personne ne peut leur contester cette identité. Certains débats passionnés mènent peut-être à des excès, à des dérives ; mais la conscience d’avoir sa place dans la société française constitue un ancrage fort. À ces jeunes, je répète avec force : « Vous êtes français ; l’avenir de la France, c’est vous. » J’ai reçu de certains adolescents des messages très touchants : « J’ai entendu ce que vous venez nous dire, je parlerai à mes parents. Le message que vous nous avez transmis va nous aider, mes frères et moi, à ne pas baisser les bras, merci ! » Un autre : « Vous m’avez ouvert les yeux, vous m’avez redonné confiance en moi. Je ne sais pas quoi faire pour vous remercier. » C’est pour eux que je me bats chaque jour sur le terrain, pour faire de la prévention et libérer la parole ; quand je reçois de tels témoignages, cela m’encourage à continuer. Leurs paroles d’encouragement, leurs remerciements me poussent à poursuivre mon combat pour que, demain, notre jeunesse soit entendue et puisse vivre dans un monde multiculturel et pacifié. Personne ne peut oublier les attentats perpétrés le 13 novembre 2015. Nous avons respecté une minute de silence en hommage à toutes les victimes du terrorisme ; elles resteront dans nos cœurs à jamais. Merci à tous les jeunes présents, qui se sont levés pour, ensemble, se rappeler : contre l'obscurantisme, restons unis. Cette rencontre fut enrichissante et pleine d’émotion. Merci à tous les collégiens présents, pour leur accueil et pour le dialogue qui a suivi. Merci aux enseignants qui les ont accompagnés. Merci également à Monsieur Bolsand, maire de la ville, à Monsieur Simon, adjoint à la culture, aux personnels de la mairie et aux fonctionnaires présents, merci à toutes et à tous pour votre accueil, vos mots tendres et sincères à mon égard. Je n’oublierai pas cette visite dans la ville de Gaillard. Merci à tous, du fond du cœur ! »