Intervention auprès des jeunes du Havre
Mardi 4 octobre
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Je suis intervenue le mardi 4 octobre au collège Eugène Varlin de la ville du Havre, auprès d'élèves de 4ème et d'autres élèves en section professionnelle, à l'invitation de l’établissement. J'ai été triste de voir cette jeunesse face à moi, avec certains élèves en difficulté. Comment les aider ? Avant tout, je leur ai conseillé de démarrer leur moteur, d'avoir confiance et de ne pas baisser les bras. Il faut avoir des rêves et avoir du courage pour qu'ils se réalisent. Je leur ai expliqué que moi, j'ai réalisé mon rêve. « Enfant, je vivais au Maroc et je voulais être avocate. C'était mon rêve. Je voulais faire des études pour pouvoir défendre ma mère qui a beaucoup souffert après le divorce. Nous étions cinq enfants et je voyais ma mère traverser de grandes difficultés, mais elle était forte et courageuse. Mais je n'ai pas eu cette chance et j'étais très jeune quand ma mère est décédée. Mon père m'a interdit d'aller à l'école, il fallait que je reste à la maison. Je voyais mes frères partir à l'école et je ne pouvais pas y aller, c'était très dur. Il était normal pour une fille d'apprendre à cuisiner, à s'occuper de la maison en prévision du mariage, à s'occuper des enfants. J'estimais que l'on pouvait faire les deux en même temps, mais je n'avais d'autre choix que de respecter la décision de mon père. Récemment, j'ai été invitée à témoigner lors d'une conférence des avocats du barreau de Paris. J'étais en face de tous ces avocats. Mon rêve de petite fille de 10 ans se réalisait. Tous ces avocats, qui ont fait de longues études, écoutaient les conseils que je pouvais leur donner. On peut toujours réaliser ses rêves. Il ne faut pas penser qu'il est trop tard, que l'on n'a pas de chance… Chacun doit aller saisir sa chance. Il faut provoquer la chance pour qu'elle arrive. Parfois, elle est en face et on ne la voit pas, elle est au creux de vos mains et vous ne la voyez pas. Il faut aller la chercher. »
Un jeune homme m'a demandé ce que la liberté était pour moi. Je lui ai rappelé la période de confinement pendant la crise sanitaire. On n'avait pas la liberté. La liberté est précieuse, tout comme l'égalité, la fraternité. On en a besoin aujourd'hui. « Il faut également préserver sa santé. Il faut préserver sa liberté, respecter les valeurs républicaines, respecter les valeurs de la laïcité. On peut ainsi aider le pays dans lequel on vit et chacun peut se lever et apporter sa pierre à l'édifice pour que le pays soit debout. Si personne ne fait d'efforts, si chacun est égoïste, ce sera compliqué. Pour y parvenir, il faut avoir le courage, la volonté, l'espoir et avancer. Nous avons confiance en la Jeunesse car elle est l'avenir. Nous avons le devoir de vous écouter, de vous aider et vous accompagner. Vous deviendrez adultes, vous serez des parents, vous travaillerez, vous prendrez votre place dans la Société. Ce n'est pas dans la haine, dans les trafics de drogue, dans ces sectes terroristes que l'on gagnera, c'est avec l'Amour. Avec l'amour, on gagne beaucoup de choses, l'amour est plus fort que la haine. Démarrez votre moteur. » Je me suis adressée aux professeurs. « Aujourd'hui, on a besoin de vous. Instaurez le dialogue avec les élèves dans vos classes. Quand le cours est terminé, demandez-leur si ça va, s'ils ont tout bien compris, s'ils ont besoin d'explications ? Chaque jour, vous gagnerez la confiance de vos élèves en ouvrant le dialogue. Le programme et le tableau ne suffisent pas, il y a besoin de la dimension humaine. Vous n'êtes pas là pour donner de l'amour, mais pour créer le lien, le dialogue. Vous le savez, aujourd'hui, beaucoup de parents ont baissé les bras et comptent sur l'école. Si vous ne donnez pas un peu de vous-mêmes, nous serons tous perdus et nous fabriquerons des bombes à retardement pour la Société. S'il vous plait, faites des efforts. Je sais que mes paroles sont dures, mais si chacun fait un peu, on va y arriver. » Certains professeurs disent faire déjà plus que ça, alors je les incite à continuer. Ce qui m'est arrivé peut arriver à n'importe qui. Lorsque l'on a réussi avec les élèves, on est heureux. Mais on se pose des questions lorsque l'on est en échec avec ses élèves. « On ne sait pas comment ces jeunes vivent chez eux. Il y a des enfants qui souffrent et qui n'en parlent pas, il y a des enfants qui ne dorment pas, des enfants qui sont livrés à eux-mêmes. En arrivant à l'école, ils pensent juste à sortir de leur cadre quotidien et à être "tranquilles" toute la journée jusqu'au soir. Il faut être attentionnés. Le monde est beau, la Jeunesse est notre avenir. Il appartient à chacun de nous, de le rendre encore plus beau. Je remercie tous les élèves et les professeurs. J'espère que vous conserverez ce message dans vos cœurs. Démarrez votre moteur, avancez dans la vie n'ayez pas peur. L'Amour est plus fort que la haine. »